mercredi 10 décembre 2014

JOUER AVEC L'ECRITURE




Un arbre remplis de mots 
L'enseignement exploratoire "Littérature et Société" permet d'étudier diverses formes d'écriture en jouant avec les mots et les phrases. Raymond Queneau avait inauguré ce type de jeu créatif  avec Exercices de style , ouvrage paru en 1947, dans lequel les contraintes littéraires (c'est une même histoire racontée de façon différente 99 fois !) permettaient de concevoir des figures originales. 

Sous la direction de madame Lefoll, les élèves, avec des journaux, ont réalisé des découpages et des collages de phrases et de mots qui leur ont permis de composer des panneaux originaux, alliant esthétisme et rhétorique de façon plaisante et souvent inspirés par le surréalisme. Les thèmes traités sont l'amour, la solitude, l'histoire, les lettres, au libre choix des élèves.

Un arbre solitaire
Une investigation bien menée...
Une femme de lettres

Hommage à André Breton

Les élèves ont aussi fait des compositions en relief ou associé des articles en jouant sur l'esthétisme des assemblages.





Une autre partie du travail visait à étudier les calligrammes, formes de poèmes conçues par Guillaume Apollinaire lorsqu'il était artilleur en Champagne en 1915. Le calligramme a pour but de montrer l'idée présente dans le poème; il associe donc le visuel et l'expression littéraire. Les élèves ont réalisé leurs propres calligrammes sur des thèmes libres ou liés au domaine de l'écriture.


La plume de Vincent Roussel

La note de musique par Anna Falantin

L'arbre de Sarah Legay
L'écriture d'Anna Falantin

L'oeil de Léona Lucca-Socco

Le livre de Justine Navet

La lettre de Sofian Truffot

L'étoile d'Oriane Stemmelen

Le coquelicot d'Alicia Charroy et d'Amandine Marin
La bouteille de Christelle Boumokonia

Le phylactère de Zoé Courrier

vendredi 5 décembre 2014

MANUSCRITS MEDIEVAUX ET ENLUMINURES


Calligraphie médiévale (Justine Navet)

Les élèves se sont appliqués à l'étude des manuscrits médiévaux. Ces ouvrages étaient réalisés sur parchemin à l'aide d'un calame jusqu'à l'époque de Charlemagne, puis avec la plume d'oiseau, plus souple pour écrire les nouvelles lettres appelées "carolines". 

Le travail est minutieux et les élèves ont retranscrits des lettres gothiques ainsi que des extraits de textes médiévaux avec soin. En effet, on ne peut pas corriger les erreurs !

La plume d'oiseau.
Calligraphie gothique (Anna Falantin)

Un extrait de Verlaine
Les pages étaient ensuite décorées avec des lettrines, sorte d'initiales colorées ou avec des enluminures ou miniatures. Pour cela, il faut réaliser de la peinture à la tempéra. 

Première étape : il faut réunir des pigments naturels (de l'oxyde de cuivre pour le vert, de l'oxyde de fer pour le rouge etc) et des oeufs.



Deuxième étape : on casse les oeufs pour ne garder que le jaune qui va servir de liant grâce à l'albumine. Avec une pipette, on recueille un peu de jaune que l'on va mettre dans une coupelle.


Troisième étape : on verse un peu de pigment avec une cuillère et on mélange avec un pinceau.





Enfin, en prenant son temps, on peut réaliser une lettrine ou une décoration du manuscrit.

Une élégante lettrine A.

Un travail minutieux ...

Les livres étaient donc copiés et décorés avec ces méthodes : on comprend mieux leur rareté au Moyen-Age et leur coût très élevé ! Vers 1360, le roi de France Charles V avait une bibliothèque de 60 ouvrages au Louvre : ce chiffre était considéré comme élevé à cette date ! Un siècle plus tard, vers 1470, seuls le Pape, le roi de France, le duc de Bourgogne, le duc d'Urbino avaient des bibliothèques atteignant les 1000 ouvrages ...


On peut aussi employer le papier qui se répandit en Europe au XIIIè siècle. 





mercredi 3 décembre 2014

L'ATELIER DE CALLIGRAPHIE : QUELQUES IMPRESSIONS...

Durant la séance du 14 novembre 2014, M. Janczukiewicz nous a proposé la gravure sur différents matériaux. Nous avons choisi le plomb comme support que nous n'avions jamais utilisé auparavant. Nous avons en premier lieu cherché un modèle d'écriture gauloise sur le site "l'arbre celtique". En effet, les Gaulois écrivaient sur des lamelles de plomb, avec des caractères grecs ou latins, en les gravant ou les piquetant. Ce dernier système nécessite un clou et un marteau pour former des lettres en perçant des trous. 

Notre copie de la tablette de Berne : "Dubnoredos forgeron de Berne dans la vallée de l'Arar"

Nous nous sommes attelées à cette tâche avec un grand intérêt, en effet, cette technique de gravure est très attrayante et requiert un certain goût pour les activités manuelles. Cela nous a tout de suite plu et nous avons rapidement pris le coup de main, en prenant garde à ne pas y laisser un doigt !

Justine NAVET et Sarah LEGAY 

Personnellement, j'ai utilisé de l'encre avec une plume et de l'écorce d'arbre comme support, afin de réaliser des tablettes romaines semblables à celles de Vindolanda en Angleterre: les soldats romains qui vivaient dans ce camp écrivaient sur de l'écorce de bouleau et lorsqu'ils sont partis, ces tablettes ont été jetées dans une fosse ce qui a permis leur conservation. Je suis ensuite partie me connecter sur Internet pour chercher des textes en latin cursif et j'ai commencé à dessiner des lettres. Ce type d'écriture est simple à réaliser et le rendu est très beau. Il ne faut pas avoir des qualités artistiques pour ce genre de travail mais juste un support, de l'encre, un modèle et un peu d'habilité.



Heather LHOTE (502)

J'ai travaillé sur un ostrakon sur lequel j'ai gravé "KIMON MILTIADO" (Cimon fils de Miltiade) à l'aide d'un clou. Un ostrakon est un fragment de poterie utilisé dans l'Antiquité comme support de l'écriture ou comme bulletin de vote à Athènes lors de la pratique de l'ostracisme (bannissement d'un citoyen jugé dangereux pour la démocratie durant 10 ans). Sur les ostraka, on peut écrire de différentes façons, par incision, soit à l'encre avec un pinceau.

Ostraka égyptiens en démotique: titulature d'un grand prêtre d'Amon.

Ostrakon utilisé à Athènes


Sofian TRUFFOT (502)

Nous avons travaillé sur les différents supports de l'écriture; d'abord les plus anciennes avec les tablettes d'argile utilisées pour le cunéiforme. Nous avons ensuite avancé dans le temps pour découvrir le papyrus utilisé par les Egyptiens, les Grecs et les Romains. Ceux-ci écrivaient avec des pinceaux ou avec un calame. 

Le parchemin, issu de la peau de veau tannée s'utilisait avec un calame, une plume d'oiseau ou une plume d'acier. Pour ma part, j'ai utilisé la plume d'oiseau et l'encre. Leur utilisation est simple et fluide; il faut juste de la patience mais le rendu est très joli.

Clara GALLAND (501)


Tablette avec écriture cunéiforme 


Lors de cette séance, nous avons voyagé dans le temps en explorant les différents supports de l'écriture à travers l'Histoire. Pour ma part, j'ai choisi le parchemin, de la peau de veau tannée, qui s'utilise avec un calame ou une plume d'oiseau ou d'acier. J'ai décidé d'écrire un petit texte grec racontant l'histoire d'une jeune fille. J'ai beaucoup apprécié cet exercice qui m'a permis de m'imaginer la vie d'une personne des Anciens Temps écrivant à la plume.

Christelle BOUMOKONIA (501)


Texte grec sur parchemin

J'ai choisi le papyrus, qui est une feuille de roseau très fine utilisée en Egypte, en Grèce, à Rome et même en France jusqu'au VIIIè siècle. On emploie un pinceau ou un calame. J'ai choisi le calame et j'ai écrit l'alphabet grec, des hiéroglyphes (ce qui est assez long si l'on veut être précis), des prénoms en lettres grecques et des signes du zodiaque parce que je trouvais que le rendu était élégant. J'ai bien aimé écrire sur du papyrus car la texture est vraiment différente de celle du papier et parce que j'aime bien écrire à l'encre.



Anna FALANTIN (501)

J'ai choisi d'écrire sur du papyrus, une feuille de roseau séchée. Il s'agit d'une matière assez dure et peu maniable. Avec un calame et de l'encre de Chine, j'ai commencé à écrire en grec ancien. J'ai tout d'abord écrit mon prénom puis en faisant des recherches sur internet, reproduire le début de l'Odyssée m'a paru une bonne idée.

J'ai, en effet, écrit une page sur le rouleau de papyrus. J'ai trouvé cela difficile mais captivant. Ecrire avec un calame change radicalement du stylo: il faut reprendre de l'encre régulièrement et stopper le travail d'écriture. Cependant, cette magnifique expérience restera à toujours gravée dans ma mémoire.


Papyrus en grec avec signes astrologiques
Des calames

Camille RUBEO - LISA (501)

Nous avons écrit sur divers matériaux utilisés de l'Antiquité au Moyen-Age comme la tablette d'argile, le papyrus, le parchemin, l'écorce, les lamelles de plomb, l'ostrakon qui est un fragment de poterie et le papier. Nous avons donc découvert différents styles et méthodes d'écriture.

Personnellement, j'ai utilisé du papyrus avec un pinceau et j'ai écrit mon prénom et les mots "littérature" et "le lion" grâce à l'alphabet copte qui est un alphabet dérivé du grec utilisé par les Chrétiens d'Egypte. J'ai trouvé cette découverte intéressante car on peut se mettre à la place des Egyptiens de l'Antiquité lorsqu'ils écrivaient.

Léona LUCCA - SOCCO (503)


QUELQUES AUTRES TRAVAUX

Calligraphie chinoise sur papier de soie

Idéogrammes chinois et écriture arabe au calame (Anna Falantin)
Tablette cunéiforme: la titulature de Darius, le "Roi des Rois" en 3 systèmes cunéiformes différents (rocher de Béhistoun)
Tablette en cunéiforme babylonien
Tablette avec cunéiformes babyloniens et assyriens
Tablette babylonienne




dimanche 9 novembre 2014

LE MONDE DES ECRITURES

Galet gravé avec des signes cunéiformes (British Museum)
L'enseignement d'exploration "Littérature et Société" propose aux élèves de nombreux thèmes intéressants, et celui sur l'aventure des écritures a été choisi pour le groupe 1 (monsieur Janczukiewicz en histoire, et madame Lefoll en français). Le but a été de montrer les conditions de l'apparition de l'écriture à la fin du Néolithique en Mésopotamie avec la constitution des premières cités dirigées par un roi qui devait s'appuyer sur des fonctionnaires, une armée afin de lever des impôts pour assurer le fonctionnement de l'Etat. Vers 3300 avant J.-C., les premiers pictogrammes sumériens apparaissent à Uruk sur des tablettes d'argile, matériau abondant dans cette vallée fertile. Les signes, d'abord réalistes (une tête de vache voulait dire ... vache!) se simplifient sous la forme de petits clous formés en pressant un stylet sur l'argile: ce fut la naissance du cunéiforme. les signes cunéiformes se simplifièrent encore et prirent une valeur phonétique, permettant ainsi des combinaisons complexes de signes-sons. D'abord purement utilitaire (les premières tablettes sont des documents comptables), l'écriture fut utilisée pour raconter les histoires des souverains et aussi composer des poèmes ou des textes littéraires vers 2500 avant-J.-C. Cette histoire complexe fut l'objet d'une leçon qui reposait sur un atelier de calligraphie. Les élèves prirent un stylet et, en scribes consciencieux, se mirent à composer des textes en cunéiformes. Le résultat, très réussi, fera l'objet d'une exposition lors des journées portes ouvertes du lycée.
Tablette sumérienne au British Museum de Londres
La tablette d'argile doit être écrite en effectuant soit une gravure avec un stylet pointu pour dessiner des idéogrammes, soit en pressant l'extrémité d'un stylet au bout triangulaire sur la surface molle pour les signes cunéiformes. Des lignes permettent d'aligner les phrases. Après 3 à 4 jours de séchage, la tablette est prête!
La réalisation d'une tablette

L'écriture cunéiforme a été utilisée par de nombreux peuples du Proche-Orient, dont les Babyloniens, les Assyriens et les Perses, jusqu'en 75 après J.-C. Son déchiffrement a commencé dans les années 1830-1840 grâce à l'érudit anglais Rawlinson, grand orientaliste, qui réussit à faire le rapprochement entre cette écriture et certaines langues comme le Vieux Perse. Finalement c'est le Français François Thureau-Dangin qui, en 1905, déchiffra le sumérien, achevant ainsi le décryptage de ces signes cunéiformes.

Ecriture cunéiforme assyrienne (British Museum)
Matériel de calligraphie
L'aventure des écritures ne s'arrête pas là. Les élèves ont ensuite étudié d'autres systèmes comme le chinois, écriture comprenant 13500 idéogrammes articulés de façon logique, et les hiéroglyphes égyptiens apparus vers 3150 avant J.-C. Les Egyptiens avaient mis au point une écriture d'environ 5000 signes qui sont des idéogrammes, des phonogrammes et des déterminatifs se combinant de façon complexe. Ce fut Jean-François Champollion, qui, en 1822, parvint à les déchiffrer grâce à sa connaissance du copte (langue des Chrétiens d'Egypte) et à la Pierre de Rosette avec ses inscriptions hiéroglyphique, démotique et grecque.


Détail de la Pierre de Rosette (British Museum)
Les élèves, grâce à des pinceaux, ont pu réaliser de la calligraphie chinoise, en fabriquant leur propre encre, sur des feuilles de papier et utiliser le papyrus avec un calame, un roseau taillé en biseau.


La préparation de l'encre
Le travail au pinceau
Enfin, les élèves ont étudié le bouleversement survenu avec l'apparition de l'alphabet dans le Sinaï vers 1400 avant J.-C. Ce furent des ouvriers sémites, travaillant pour le pharaon, qui eurent l'idée de garder une vingtaine de signes hiéroglyphes ayant une valeur phonétique pour leur écriture, appelée écriture proto-cananéenne. Ainsi, la tête de vache servait à écrire le son A. Les Phéniciens réutilisèrent ce système vers 1200 - 1100 avant-J.-C. en simplifiant les signes. Cet alphabet phénicien est "l'ancêtre" de tous les alphabets modernes ! Les Grecs le réutilisèrent vers le VIII ème siècle avant J.-C. puis le transmirent aux Etrusques, aux peuples celtes et aux Latins. Ainsi, si vous retournez la lettre A, vous retrouverez la tête de vache qui s'est progressivement retournée et simplifiée! Plus tard, les Arabes, via les Nabatéens, réutilisèrent ce système alphabétique au début du VII siècle après J.-C.
Les systèmes alphabétiques nécessitent l'utilisation d'un support souple, papyrus, parchemin ou papier, et d'un calame ou d'une plume d'oiseau.


Ecriture proto-cananéenne
Calame et papyrus
La prochaine étape verra l'utilisation de supports plus rares utilisés par les Grecs et les Romains: lamelles de plomb, écorce, tessons de céramique (ostraka)...