vendredi 12 juillet 2019

NOUS QUITTONS LA SCÈNE !

Avec la réforme du lycée, notre matière, la "Littérature et Société", disparaît des enseignements ... Créée en 2010, elle était une opportunité, pour les élèves curieux, de découvrir de nombreux domaines culturels comme la presse, la calligraphie et de sortir des enseignements traditionnels. En fonction du budget imparti, ils ont pu visiter Paris en 2010 et 2012, ainsi que la Champagne et différents musées.


Une petite rétrospective.

Paris, octobre 2010, devant l'église Saint-Germain-des-Prés, lors d'un "parcours Apollinaire".

Le casque de Guillaume Apollinaire (2010).

En Champagne, à la Ferme de Navarin, en novembre 2010.




La visite de 2012 à Paris.


Devant Notre-Dame de Paris en mai 2012 lors d'une découverte de la capitale.





Les élèves avaient ainsi pu voir le Louvre, Notre-Dame de Paris, le Panthéon, la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris ...










Bien sûr, d'autres visites ont été moins prestigieuses (surtout après les attentats de 2015) mais elles ont toujours suscité l'intérêt des élèves.


Au Musée Lorrain à Nancy en 2018 (Exposition "Lorrains sans frontières").


L'atelier de calligraphie avait connu un grand succès ! Voici quelques réalisations de 2018 :








Cette année, désireux de quitter la scène sans découragement, nous avons mené de nombreuses activités avec les 23 élèves du groupe, qui ont été enthousiastes à chaque fois.

- Ils ont pu visiter Langres et la Maison des Lumières le 22 novembre 2018 (voir article précédent) ainsi que le musée de Gravelotte et la Batterie de l'Eperon en février 2019 avec les P L.

- Un jeu de rôles sur Voltaire et l'affaire Calas a été mené après étude de ce sujet. Certains élèves ont été vraiment brillants avec une éloquence remarquable.

- Une initiation à l'écriture avec une plume d'oiseau a été réalisée avec un "concours de faussaires" : il fallait reproduire le plus fidèlement possible la signature de Louis XVI... Certains résultats ont été impressionnants ...

- Les autres activités ont été multiples avec la création de "unes" de journaux, des travaux littéraires, et surtout un beau travail en calligraphie, avec les thèmes des années précédentes. 

Les tablettes d'argile.

Cette année, nous avons réfléchi sur la forme des tablettes et sur la taille du stylet, afin d'avoir une ressemblance parfaite avec les authentiques tablettes sumériennes. 

1) On coupe une "tranche" dans le pain d'argile et on retire les bords de cette tranche avec un fil métallique, afin de lui donner un aspect régulier. La tablette est ensuite modelée avec la paume de la main, afin qu'elle soit légèrement bombée, avec des angles arrondis, puis la surface est lissée avec l'index. Des cases sont alors dessinées en appuyant l'arrête d'une règle sur la surface.











2) Le stylet est taillé dans un bâtonnet rond (mais on peut aussi utiliser, par commodité, un petit bâton pointu, comme des brochettes en bois ou l'arrête d'un bâton rectangulaire). 

L'extrémité du stylet est formée de deux biseaux dont l'arrête, triangulaire, est légèrement en biais. En appuyant cette extrémité sur l'argile, les cunéiformes sont parfaitement formés.








3) Les tablettes ont été réalisées avec beaucoup de soin et le résultat est vraiment bluffant !





Un concours de la plus belle tablette a été organisé et trois prix (des confiseries) ont été distribués ! 




Les sinogrammes.

Cette année encore, l'étude de quelques idéogrammes chinois a beaucoup intéressé les élèves qui se sont appliqués, notamment avec "bol de nouilles", considéré comme le sinogramme le plus compliqué. L'encre a été fabriquée à partir de bâtons et les pinceaux ont été utilisés sur le papier de soie. Un extrait du film "Hero", avec l'école de calligraphie, a été montré.







Le japonais.

Les élèves ont aussi voulu être initiés au japonais... Nous leur avons expliqué, grâce à des planches photocopiées et une vidéo, les différents systèmes d'écriture en nous focalisant sur les "kanjis", idéogrammes dérivés directement du chinois. Un extrait du dessin animé "Mon voisin Totoro", en V.O., a été diffusé pour se mettre dans une ambiance nippone. 









Calligraphie médiévale et peinture à la tempera.

Enfin, notre tour du monde des écritures s'est achevé avec les écritures médiévales (onciales et carolines) avec réalisation de peinture à la tempera pour décorer les lettres. On connaît la recette : on mélange du pigment avec du jaune d'oeuf de façon délicate ...






Les élèves ont pu utiliser soit le calame, soit la plume d'oiseau, soit la plume métallique pour écrire.




Un grand merci à tous les élèves qui, eux aussi, ont animé la matière durant neuf ans ! Les professeurs reconnaissent volontiers qu'ils ont eu un grand plaisir à leur faire cours. Nous n'oublions pas Philippe Collé, professeur de latin aujourd'hui à la retraite, qui a aussi animé la matière lors de sa création. 

Jérôme Janczukiewicz (histoire) et Nathalie Lefoll (français)


vendredi 23 novembre 2018

À LANGRES, AU SIÈCLE DES LUMIÈRES.

Une visite à Langres, une plongée dans le Siècle des Lumières.

22 novembre 2018

Cette année, les élèves de Littérature et Société et ceux de Première L se sont rendus à Langres, en haute-Marne, afin d'étudier la vie de Denis Diderot (1713 - 1784).

En effet, cette ville permet de voir le lieu où le célèbre philosophe a passé sa jeunesse, et plus largement, de prendre connaissance avec le Siècle des Lumières et les Encyclopédistes. La ville, superbe, offre aussi la possibilité de faire une belle leçon sur l'architecture, avec ses édifices datant du Moyen-Age et de la Renaissance. 



La Porte des Moulins


Pour cela, la visite fut divisée en deux temps: le matin, visite de la ville haute avec la place Diderot, les remparts, la cathédrale Saint-Mammès, les rues anciennes. Après une pause agréable au McDonald's local, les élèves et leurs professeurs ont visité dans l'après-midi la Maison des Lumières, musée magnifique, situé dans un hôtel particulier XVIè - XVIIIè s., qui retrace la vie de Denis Diderot et toute l'aventure de l'Encyclopédie. 


Un beau parcours à travers les siècles.

Après environ 2 h 15 de route depuis Nancy, les élèves ont réalisé un parcours dans la ville, totalement enveloppée d'un épais brouillard, ce qui a permis de prendre des photos intéressantes. Ils ont remonté la rue Diderot jusqu'à la place du même nom, depuis la porte fortifiée située près du parking. Voici les sites qui ont été vus :


N° 1

Le collège des Jésuites, qui est toujours un établissement scolaire (le collège Diderot), où étudia Denis Diderot, même si la façade fut refaite en 1770 à la suite d'un incendie. 





N°2

L'actuelle place Diderot, avec la célèbre statue du philosophe par Bartholdi. Denis Diderot naquit dans une maison située à la droite de cette statue, au n°9, et il passa son enfance dans la maison située en arrière, sur la gauche de la place (au n°6). On peut ainsi retrouver tout l'univers de l'enfance et de la jeunesse du philosophe.






N°4

Une promenade sur les remparts ! Normalement, on a une belle vue sur la campagne, mais ce jour-là, il y avait un fog londonien donnant un aspect mystérieux à la ville. Ces remparts, superbement restaurés, permettent de faire le tour de la ville et ils ont été construits à diverses époques, allant de l'antiquité, avec une porte gallo-romaine, au XIXème siècle.






N°5

La cathédrale Saint-Mammès comporte des éléments architecturaux de diverses périodes, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Les élèves ont donc pu étudier dans les grandes lignes l'art roman, l'arc gothique, la Renaissance et l'art classique !


La façade classique de la cathédrale Saint-Mammès (1768)




Les magnifiques portes romanes avec les archivoltes décorées géométriquement ou avec des feuillages.





Les impressionnantes voûtes gothiques de la nef.



La chapelle Sainte-Croix (1549), de style renaissance avec son plafond à caissons et son sol décoré de carreaux de faïence de Rouen. 


N°6

La promenade dans les rues anciennes a permis de voir la magnifique maison renaissance située 10 rue saint-Didier. Construite entre 1540 et 1560 pour un "élu" (percepteur d'impôts) de la ville, la maison a une somptueuse façade ornée de colonnes cannelées surmontées selon les niveaux de chapiteaux ioniques, corinthiens ou composites, de frises comprenant des instruments de musique et des armes à l'antique.







La Maison des Lumières

Ce musée, consacré à Denis Diderot et à l'Encyclopédie, a ouvert en 2013, année du tricentenaire de la naissance du philosophe. Il est installé dans un bâtiment magnifique, l'hôtel du Breuil de Saint-Germain, qui comporte une aile du XVIè siècle et une autre du XVIIIè siècle.





Notre groupe a été reçu chaleureusement par deux guides et par madame Marie-Odile Rondot, adjointe au maire. 

La visite fut vraiment passionnante, avec une véritable plongée dans le siècle des Lumières grâce aux explications de nos deux guides. 

Denis Diderot était issu d'une famille aisée; son père Didier exerçant la profession de maître coutelier. Une pièce du musée expose plusieurs objets montrant ces origines, notamment des couteaux de haute qualité issus de l'atelier de Didier Diderot.





La famille Diderot connaissait une ascension sociale. Le philosophe avait deux soeurs, Denise et Angélique (cette dernière devint religieuse et mourut folle dans son couvent) et un frère, Didier-Pierre, qui fut chanoine de la cathédrale. 





Les autres pièces montrent, avec de beaux objets, le départ de Denis Diderot de Langres pour Paris en 1728 et sa carrière d'écrivains et de philosophe. Ses débuts furent modestes, Denis Diderot vivant de traductions et de leçons particulières. Ensuite, ce fut l'aventure de l'Encyclopédie. Cette effervescence intellectuelle est retracée par plusieurs pièces, dont une consacrée aux voyages et explorations dans le Pacifique au XVIIIè s. qui inspirèrent le Supplément au Voyage de Bougainville.



Un tambour venant du Pacifique


Un sextant du XVIIIè s. pour calculer la latitude.


Un chronomètre de marine pour calculer la longitude.


Le Journal du capitaine Cook avec Otoo, roi de Tahiti.

Cartes anciennes, panneaux de grande taille, livres anciens, objets exotiques retracent cette curiosité pour les "indigènes" du Pacifique.

La carrière de Denis Diderot est remarquablement évoquée par des cartes murales montrant le voyage du philosophe à Saint-Pétersbourg (1773-1774), son unique voyage hors de France, des tableaux, une vitrine contenant des objets personnels : une canne au pommeau d'or, une pendule offerte par madame Geoffrin et des encriers utilisés par le philosophe. 






Denis Diderot disposait de revenus très importants car il était aussi marchand d'art pour le compte de Catherine II, impératrice de Russie, pour qui il achetait des tableaux qui étaient ensuite envoyés en Russie. La tsarine avait aussi acheté sa bibliothèque en viager (afin qu'il puisse l'utiliser jusqu'à sa mort) et le rétribuait généreusement comme bibliothécaire. Ainsi, Diderot vécut confortablement à Paris et put marier sa fille unique à un noble. 

La partie maîtresse de la visite fut consacrée à l'Encyclopédie (1751-1772), ouvrage majeur du Siècle des Lumières. On découvre comment Diderot, qui pensait faire la traduction d'un dictionnaire encyclopédique anglais, eut l'idée de rassembler toutes les connaissances de l'époque dans un ouvrage magistral. Livres anciens, tableaux, panneaux muraux, frises chronologiques retracent cette aventure. 





Surtout, un meuble spécial contient l'intégralité de l'édition originale de l'Encyclopédie ! Les volumes sont classés chronologiquement et certains volumes sont ouverts, permettant de voir des planches gravées et certains articles.







Les différents domaines abordés dans l'Encyclopédie, comme l'astronomie, la zoologie, les mathématiques etc, sont aussi présentés grâce à une belle collection d'objets anciens (ici un planétaire, des règles, compas, équerre, rapporteur et un microscope).







Enfin, le matériel typographique utilisé par les imprimeurs pour fabriquer les volumes de l'Encyclopédie est aussi présenté.





En conclusion, ce fut une très belle visite, particulièrement enrichissante et nous n'avons montré qu'une partie des collections ! Nous remercions encore le personnel de la Maison des Lumières et la mairie de Langres pour leur accueil.

Nous ne pouvons que recommander la visite de ce musée et de la ville de Langres en général !



Jérôme JANCZUKIEWICZ, professeur d'histoire.


Avec Sylvie PETITJEAN, Nathalie LEFOLL, professeures de français et David VANNESTE, professeur de sciences.