vendredi 1 avril 2016

"DU COTON DANS LES OREILLES"

Les élèves du groupe 1 de Littérature et Société ont travaillé dur avec leurs professeurs afin de mettre en scène un poème de Guillaume Apollinaire, "Du coton dans les oreilles". Ils ont répété pendant plusieurs séances un texte assez difficile qui décrit  la vie des soldats dans les tranchées de Champagne en 1915, avec un bombardement assourdissant qui se calme peu à peu pour laisser place au bruit de la pluie. Ils ont revêtu des vestes d'uniforme et, avec des draps, ils ont réalisé une tranchée stylisée. Une bande-son accompagnait cette animation: le bombardement de la scène de l'attaque des Croix de Bois de Raymond Bernard (1932) pour le début du poème, la Marche Lorraine puis le bruit de la pluie qui tombe pour la fin du poème. Cette "sonorisation" a été faite grâce à l'équipement vidéo et audio de la salle, avec la projection d'un extrait du film mentionné et d'un paysage sous la pluie, depuis YouTube. 





Ce soir, malgré un trac important, les élèves ont joué devant la classe de P S 01 qui doit présenter le poème à l'épreuve de Français du baccalauréat, et ils ont impressionné leur public. Bravo à eux ! Un goûter a permis aux artistes de décompresser car ils ont pris très à coeur leur prestation.

Une mise en scène du poème

Ce poème d'Apollinaire peut se prêter à une mise en scène. En effet, "Du coton dans les oreilles" évoque le front de Champagne en 1915. C'est un parcours qu'effectue le poète, depuis les positions de l'artillerie qui déchaîne son feu (d'où le titre) jusqu'aux tranchées de première ligne, finalement silencieuses.







Le texte est conçu comme une alternance de calligrammes (le début du poème avec le tir d'artillerie, la pluie qui tombe et le périscope) et de vers libres. Certains passages sont assez difficiles à comprendre et il faut à nouveau se plonger en 1915, en Champagne, pour les éclaircir. 


De plus, le manuscrit du poème, présenté lors de l'Exposition "Apollinaire, le regard du poète" à Paris en 2016, et reproduit in extenso dans le catalogue (p. 268 - 276), permet aussi de mieux saisir le sens du poème: le premier calligramme a bien la forme d'un mégaphone dont l'extrémité serait tournée vers le lecteur, tandis que les premiers vers forment des arcs de cercle au dessus: cela ressemble à des courbes de tir (voir notre article du 26 janvier 2015) utilisées pour le calcul des trajectoires, soit dans les manuels d'artillerie soit par les instruments de visée. Un autre calligramme, ayant l'aspect d'un insigne de l'artillerie (une grenade avec deux canons entrecroisés) ne figure plus dans la version imprimée du poème et il y a eu des corrections, par exemple: 

"Le silence des photographes 
Mitrailleuses des cinémas"

qui devient "Le silence des phonographes...".

Les derniers vers ("Mais appelez donc Napoléon...") prennent l'aspect d'un casque Adrian, ce qui n'apparaît plus dans la version imprimée.

Quel commentaire (succinct) peut-on faire ?


Le poète est soumis à un feu intense de l'artillerie qui tonne depuis sa batterie :"Tant d'explosifs sur le point VIF !". Ce bruit infernal, souligné par le calligramme "O Mégaphone", vrille son esprit qui pourtant reste clair: les artilleurs déchaînent un tir violent avec un bruit assourdissant nécessitant l'usage d'un mégaphone. Apollinaire décrit alors des scènes de la bataille tandis qu'un téléphoniste tente vainement d'appeler le Bois de la Truie, position française située en avant du secteur des Hurlus, d'où l'anaphore "allô la Truie ?". 



"Et les trajectoires cabrées Trébuchements de soleils-nains". Un obus éclate sur le parapet d'une tranchée aux Hurlus en 1915.


Tandis que rôde la mort venue du Nord (le secteur allemand), près de l'abri nommé "Les Cénobites Tranquilles" (tout le monde aura compris l'allusion grivoise...), une sentinelle veille dans la tranchée autour de laquelle poussent les coquelicots qui ressemblent à des taches de sang. Un soldat semble s'être saoulé mais "sans pinard et sans tacot" (mots d'argot militaire pour le vin et le tabac) mais avec de l'eau: sans doute a-t-il été trempé par la pluie ?



"Et la cagnat s'appelait Les Cénobites Tranquilles". Abri aux Hurlus, 1915.


Un échelon d'artillerie de l'armée française. Ni date (sans doute 1915 ou 1916), ni lieu. On remarquera les toiles de tentes et les cabanes, les chevaux et les chariots ainsi que les soldats au repos.
"Tout l'échelon là-bas piaffe"


Non loin de là, l'échelon, la base logistique de la batterie où se trouvent le matériel, les munitions et les attelages, s'agite avec des chevaux qui piaffent tandis qu'éclatent les obus semblables à des "soleils-nains" qui auraient trébuché en tombant au sol, et que les canons, comme assoiffés d'obus, répondent vivement en crachant des "fleurs de feu", avec la flamme sortant de la bouche du tube, formant une "lueur-frimas". En effet, la cadence de tir du canon de 75 était très élevée ( jusqu'à 20 - 28 coups par minute ! ) et les artilleurs enfournaient les obus dans la culasse avec célérité, comme pour donner à boire à la pièce ou la nourrir ... Ces obus étaient rangés dans un caisson, comme des bouteilles ...



La culasse du canon de 75. Centenaire de la libération de Sommepy, 30 septembre 2018.

L'arrière-train de caisson avec les coffres pour le logement des obus, comme des casiers à bouteille ... Centenaire de la libération de Sommepy, 30 septembre 2018.



Le déchaînement de l'artillerie avec une batterie de 75. "Puisque le canon avait soif".


L'esprit du poète passe alors en revue une série d'images fulgurantes : l'étoile du Bénin, décoration coloniale donnée aux vétérans d'Afrique est associée à des boîtes de singe, c'est-à-dire des boîtes de conserve contenant de la viande que consommaient les soldats français (le singe faisant aussi allusion à l'Afrique), un soldat anglais (avec un jeu de mots sur "laid" et "frère de lait") est mentionné, tandis que le poète pleure en raison des gaz lacrymogène en mangeant du pain de Gênes, reçu probablement dans un colis. 



L'étoile noire du Bénin, modèle officier. Collection particulière.
"Il y a l'Etoile du Bénin
Mais du singe en boîtes carrées"



Un véritable et délicieux pain de Gênes dégusté en avril 2018 avec les élèves ! C'est un gâteau aux amandes, appelé aussi gâteau de voyage car on pouvait le transporter facilement et sans dommage.
"Et je mangeais du pain de Gênes
En respirant leurs gaz lacrymogènes"


L'artillerie est encore évoquée longuement avec les voitures-caissons dont les roues, qui encadrent le canon, sont similaires à des horloges qui tournent, par le bruit infernal qui oblige les servants à mettre du coton dans les oreilles, par les fanions des signaleurs (sorte de drapeaux que les patrouilles agitaient comme signaux optiques afin de faire rectifier le tir des canons). Le vers "la baleine a d'autres fanons" peut s'expliquer sans doute par le passage des voitures-caissons dans les flaques d'eau: les rayons des roues partiellement immergées peuvent évoquer des bouches de baleines avec leurs fanons. 



"Quand s'en allèrent les canons 
Autour des roues heures à courir"



Signaleurs d'artillerie dans la Somme en 1916. http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/somme.html

"Evidemment les fanions
Des signaleurs"


Mais quel est le lien entre les baleines et l'artillerie ? Dans une de ses lettres, adressée le 14 septembre 1915 à Madeleine Pagès, Apollinaire mentionne que les fusées d'ogive des obus comportent des "trous" appelés évents destinés à fournir de l'air pour la combustion de la poudre contenue dans la fusée. Le terme "évent" est donc commun à l'artillerie et aux baleines... Ces baleines ont donc d'autres "fanons" (les lames cornées garnissant la mâchoires des cétacés) qui sont les fusées d'ogive qui éclatent (comme les obus) ... et qui obligent les soldats à se recroqueviller (donc à se "faner"...).



Fusée d'ogive Dopp Z 92 (percutante-fusante). L'orifice rectangulaire est l'évent de la fusée permettant la combustion de la poudre. Collection particulière.

"La baleine a d'autres fanons
Eclatements qui nous fanons"


Soudainement, le bruit s'apaise progressivement avec de la musique militaire qui joue, puis la pluie qui tombe doucement, évoquée par un autre calligramme, pluie qui enveloppe le soldat qui se fond complètement avec le paysage boueux. Le vacarme assourdissant laisse place à des sons de plus en plus apaisants (musique puis clapotis de la pluie).



Un concert donné par l'armée dans un village. "Ici la musique militaire joue quelque chose". Collection particulière.

Détail de la photo avec l'orchestre militaire.



Puis le poète quitte le secteur des batteries d'artillerie en empruntant des boyaux qui le mènent dans les tranchées de première ligne. Le silence se fait peu à peu avec seulement le claquement des balles et le sifflement des obus tandis que des sentinelles veillent avec un périscope. 




"Les longs boyaux où tu chemines ". Boyau des Hurlus, 1915.



"Ne vois tu rien venir au Périscope". Tranchée aux Hurlus, 1915.



Désormais le coton dans les oreilles n'est plus utile mais le téléphoniste n'a toujours pas eu sa communication avec le Bois de la Truie et il vaudrait mieux contacter la radio de la Tour Eiffel, alors utilisée comme centre de communication par l'armée française, pour passer l'appel. Tout s'apaise désormais sur le front, avec une sentinelle qui se gratte et avec le silence  qui règne dans les caves servant d'abris.



"Et les regards des guetteurs las". Les Hurlus, 1915.


Chaque élève du groupe a eu une partie du poème à réciter, mais tous les élèves ont hurlé "Vif" et "Omégaphone" afin de souligner le bruit. La scène de l'attaque du film "Les Croix de Bois" de Raymond Bernard (1932), avec les tirs d'artillerie, a été projetée avec un volume élevé, baissé peu à peu. Au moment où le poète évoque la musique militaire, un extrait de "La Marche Lorraine" a été diffusé avec une petite pause dans la récitation, puis le son de la pluie qui tombe a permis de "sonoriser" le calligramme correspondant. 





Pour le décor, des tables recouvertes de draps blancs permettent d'évoquer les tranchées "aux lèvres blanches" de Champagne. Un casque anglais, un clairon, une bouteille de vin servent d'accessoires ainsi que quelques vestes d'uniforme trouvées dans un dépôt-vente. Des mégaphones et un périscope en carton, un fanion de signaleur reconstitué d'après une photo d'époque, un panneau "les Cénobites tranquilles", complètent l'ensemble. 



Le périscope, le mégaphone et le fanion du signaleur.


Le tout permet d'animer, sur une période de 4 minutes environ, le poème. Léa, qui a commencé, a interpellé l'auditoire en récitant sa partie le début du poème, avec les mots "vif" et "Omégaphone" hurlés par tous dans un mégaphone en carton, de même que la sentinelle qui s'est saoulée agite une bouteille de vin vide, de même que le signaleur agite son fanion ou que le soldat tient son périscope. Pendant la récitation d'un élève, les autres miment les sentinelles, un soldat anglais (avec le casque), se frottent les yeux à cause des gaz, prennent une pause martiale avec la diffusion de la Marche Lorraine, se grattent le cou à la fin du poème. 





L'espace réduit d'une classe ne permet pas de grands effets mais la présence de l'écran du vidéoprojecteur, près du décor, permet d'animer la tranchée avec le film mentionné ou avec la pluie qui tombe.


Jérôme Janczukiewicz et Nathalie Lefoll


jeudi 17 mars 2016

HOMMAGE A GUILLAUME APOLLINAIRE 1916 - 2016

LE BOIS DES BUTTES 17 MARS 1916 - 17 MARS 2016

Il y a exactement 100 ans, le 17 mars 1916, à 16 heures, un éclat d'obus blessait Guillaume Apollinaire au Bois des Buttes, dans l'Aisne, en perçant le côté droit de son casque. 




Le poète, alors sous-lieutenant au 96ème RI,  lisait le Mercure de France dans sa tranchée lorsqu'un obus de 150 explosa à 20 mètres de lui. Il raconta l'événement dans son carnet, le 18 mars 1916:

"Je lisais à découvert au centre de ma section, je lisais le Mercure de France, à 4 heures, un 150 éclate à 20 mètres, un éclat perce le casque et troue le crâne".

Il fut ensuite évacué à la fin du bombardement et subit longtemps les séquelles de sa blessure, avec notamment une trépanation en mai 1916. 




En 1990, l'écrivain Yves Gibeau fit installer une stèle pour commémorer l'événement.





Notre article du 26 janvier 2015 relate tous les détails de cet événement ! Regardez-le !



Le casque de Guillaume Apollinaire à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris




Le Bois des Buttes (en 2010)



Jérôme Janczukiewicz et Nathalie Lefoll

lundi 8 février 2016

L'ECRITURE SOUS TOUTES SES FORMES

Ecrire peut prendre différentes formes. Madame Lefoll a présenté les calligrammes de Guillaume Apollinaire et expliqué les principes de cette forme de poésie en s'appuyant sur le célèbre recueil publié en 1918. Les élèves ont alors rédigé leurs propres calligrammes sur des thèmes libres.




Le Glaive de Liam Lacombe






Le Chat de Clara-Natalia Pora



Amélie Hornet S-O2








Ils ont aussi réalisé des découpages pour des compositions graphiques.





La Musique et du Soleil par Sarah Mauchamp et Charlotte Tinel 




Equitation de Manon Todesco



Regards de Cihan Kartal



Bruxelles par Thomas Millot



Les Vampires d'Amélie Hornet


Monsieur Janczukiewicz, après avoir présenté diverses formes d'écritures anciennes, s'est intéressé au déchiffrement des écritures anciennes, en présentant les principes de ce déchiffrement:

- Recensement de tous les caractères afin de savoir si le système est idéographique (plusieurs milliers de caractères), syllabique (quelques centaines de signes) ou alphabétique (une vingtaine de signes).
- Retrouver des séquences identiques dans le texte afin de définir une possible syntaxe.
- Tenter de calquer le système des signes à une langue.


Jean-François Champollion

L'exemple de Jean-François Champollion a été étudié avec une présentation vidéo de sa vie, de la Pierre de Rosette et du processus suivi par le savant français qui a réussi à devancer l'Anglais Young grâce à sa connaissance du copte, langue des chrétiens d'Egypte dérivée directement de la langue des Pharaons. Le célèbre exemple du déchiffrement des noms des souverains égyptiens ("Ptolémée" et "Cléopâtre") a été montré grâce à des planches.





La séquence s'est terminée en indiquant que certaines formes d'écriture posent problème aujourd'hui lorsqu'elles sont reliées à une langue qui n'est pas indo-européenne (cas du lycien par exemple, difficilement déchiffré depuis une trentaine d'années) ou à une langue qui a disparu (cas des tablettes Rongo-Rongo de l'île de Pâques).


Ecriture lycienne (dérivée du grec) à Xanthos

Tablette Rongo-Rongo (île de Pâques)


Jérôme JANCZUKIEWICZ et Nathalie LEFOLL

samedi 16 janvier 2016

UNE PETITE HISTOIRE DE LA PRESSE

Comme chaque année, les élèves de Littérature et Société ont étudié l'histoire de la presse depuis le début du XIXème siècle avec leur professeur d'histoire. Divers journaux représentatifs ont été étudiés et une première fiche synthèse a été élaborée.

Cette fiche comprend le mot "Presse" au centre, avec l'origine du mot qu'il faut compléter, et quatre flèches se rapportant à quatre thèmes : les origines de la presse, la presse de la Révolution au début du XXème siècle, les méthodes de fabrication du journal, les évolutions de la forme du journal.





Cette fiche est complétée avec l'étude de planches (Théophraste Renaudot et la Gazette, Le Journal de Paris, premier quotidien français en 1777, l'imprimerie, les rotatives, l'impression offset, divers exemples de presse enfantine avec notamment la Semaine de Suzette, de presse féminine avec Marie Claire) et des photocopies de journaux anciens soit en intégralité (le Journal des Débats du 27 nivôse An X) soit partiels (L'Univers du lundi 26 mai 1873 sur la démission d'Adolphe Thiers, Le Matin du mardi 12 novembre 1918, La Lanterne du mercredi 8 août 1945, La Cité Nouvelle du 15-16 août 1945). D'autres journaux, originaux, ont été présentés comme La Gazette de France du vendredi 18 novembre 1836 et Le Constitutionnel du jeudi 18 mars 1847 qui a la particularité de comporter "Le cousin Pons" de Balzac en feuilleton de bas de pages.





Les élèves complètent alors la fiche après avoir étudié les documents et souligné l'évolution des journaux sur près de 200 ans: 
- Etude de la "presse", terme désignant l'instrument de l'imprimerie avec évocation de Gutenberg et de son invention (vers 1455) et de la feuille de papier pressée contre les caractères mobiles.
- Pour la fabrication, on passe de l'impression feuille par feuille à la rotative avec des stéréotypes (plaques en relief), puis l'impression offset (deux vidéos présentées).
- La création de la Gazette (Gazette de France en 1762) par Renaudot en 1631, un hebdomadaire tiré à 8000 exemplaires et paraissant le samedi, avec la longévité de ce journal qui ne disparaît qu'en 1915 (aujourd'hui, le doyen de la presse écrite est Le Figaro fondé en 1866), l'origine du nom (du vénitien "gazetta", petite pièce de cuivre permettant de payer un journal), le contrôle royal (Louis XIII et Richelieu y publient des articles ...); Le Journal de Paris, premier quotidien français en 1777.
- Les journaux anciens: l'étude du Journal des Débats du 27 Nivôse An X (17 février 1802) permet de voir un petit format in-quarto, de quatre pages, une police de caractères de petite taille, des articles longs et une mise en page serrée (sans gros titre, mais avec une partie "affaires extérieures", puis "affaires intérieures", puis les faits-divers, les cours de la bourse, la loterie et les petites annonces). Cette forme sévère perdure tout au long du XIXème siècle (voir L'Univers de 1873), et même au delà (on montre l'exemplaire du Monde de 1984 sur la mort de Youri Andropov, sans aucune photo). Le format des journaux augmente comme le montrent Le Constitutionnel (1847) ou Le Moniteur Universel (exemplaires de 1854 et 1856) mais la mise en page est toujours aussi serrée...
- La forme des journaux évoluent pourtant : apparition de la publicité et de petites annonces commerciales (souvent très drôles), apparition progressive de la "une" (d'abord un résumé des articles de la première page puis le gros titre après 1870), de différentes polices de caractères, des illustrations (gravures puis photos), la diversification de la presse (BD, presse pour enfants avec La Semaine de Suzette, la presse féminine etc).





Deux supports vidéo peuvent être utiles pour comprendre la fabrication d'un journal: l'épisode 13 (le secret) des Aventures de Poly avec la présentation de l'imprimerie de France - Soir en 1961 et la composition du journal, les rotatives etc (5 mn du début de l'épisode); un extrait de C'est pas sorcier, Vive la Presse, visible sur youtube, qui montre une impression offset de nos jours (26 mn en tout).

Une autre séance a été consacrée à la censure. Une fiche synthèse a aussi été réalisée. Elle comprend, au centre de la feuille, la célèbre gravure d'Anastasie par André Gill, parue dans l'Eclipse du 19 juillet 1874, que les élèves ont décrit. Trois thèmes ont été fixés. 







Le premier, placé sous la gravure, concerne les principales lois sur la censure, en distinguant la censure politique avec comme exemple la loi de Serre de 1818 et les délits de presse (offense au souverain, appel au crime, outrages aux bonnes moeurs, diffamation) et la censure militaire avec la loi du 5 août 1914. Une recherche  sur internet a permis de trouver les principaux éléments sur la censure politique, tandis qu'un extrait du livre d'Alain Scoff, Le Pantalon1982, p. 106-109, permet de voir les buts de la censure militaire en 1914 (pas d'informations utiles à l'ennemi), avec des exemples incroyables de bourrage de crânes tirés des journaux de l'époque. Le deuxième thème , placé à la droite de la feuille, concerne les méthodes de la censure (autorisation préalable, cautionnement, caviardage du texte, suppression du texte, interdiction de publication provisoire ou définitive). Pour ce thème, les élèves ont travaillé sur un texte ancien caviardé, un exemple du Matin du 18 mars 1917 sur la démission du cabinet Briand avec deux passages censurés, sur la une du Paris-Midi du 7 août 1918 avec un curieux bilan de bataille, et un article sur la Russie du Petit Parisien du 11 juillet 1917 mentionnant 290 lignes censurées. Pour les interdictions de publication, le journal de Georges Clemenceau, L'Homme Enchaîné du 11 août 1915, dont un article critique le général Joffre (d'où quatre jours d'interdiction de publication), et le n° 1 du Canard Enchaîné de Maurice Maréchal du 10 septembre 1915 (journal qui ne va pas plus loin que sa quatrième édition avant de reparaître en 1916), avec ses dessins sur "comment faire un journal en 1915" ont été vus. Sur la gauche de la feuille ont été placés des exemples de propagande et de désinformation avec des extraits de journaux tirés du livre d'Alain Scoff (les obus allemands qui ne blessent pas, les balles allemandes qui traversent les corps sans grand risque ...).


Quelques exemples:



















Une pochette permet de recueillir journaux et fiches.





Nous terminerons avec trois "curiosités". D'abord, l'exemplaire du Constitutionnel du 18 mars 1847 sur lequel apparaît un extrait, sur les pages 1 et 2, du Cousin Pons d'Honoré de Balzac, pages 245 à 248 (c'est la numérotation du recueil complet, avec la Cousine Bette notamment), avec une couverture, les deux premières pages du roman et un avertissement sur la publication du roman en feuilletons. L'abonné pouvait découper le bas de son journal et composer son recueil.



La page 1 du journal



Le détail du feuilleton de la page 1



La page 2 du Constitutionnel




Détail du feuilleton de la page 2


Une élève, Ledia Kadiu, a eu la grande gentillesse d'apporter une plaque offset de l'Est Républicain. C'est une plaque souple en aluminium sur laquelle a été imposé, par insolation, un film, représentant des livres sur 14-18, film qui a laissé sa trace en polymère. De l'eau va être appliquée sur la plaque (eau repoussée par le polymère) puis de l'encre qui va rester sur le polymère. La plaque, souple, est mise ensuite sur une rotative pour l'impression.








Enfin, il faut signaler que la publicité et les petites annonces commerciales étaient très envahissantes dès les années 1830 comme le montre cet exemplaire de La Gazette de France du 18 novembre 1836:






La page 4 avec ses publicités !


Détail des publicités

Madame Lefoll a étudié la presse moderne avec une revue de 5 journaux (L'Est Républicain, Le Monde, Libération, Le Canard Enchaîné, Le Figaro) qui a permis aux élèves d'analyser ces exemplaires et de voir les changements avec la presse écrite ancienne. Les élèves ont ensuite composé leur propre une de journal ainsi que des affiches pour des manifestations culturelles.



Composition d'Amélie Hornet



Composition de Sarah Mauchamp



Composition de Ledia Kadiu


Affiche de Thomas Millot



Affiche de Ledia Kadiu





Composition de Charlotte Tinel


Affiche de Camille Launois


Affiche de Cihan Kartal


Affiche de Clara-Natalia Pora




Jérôme JANCZUKIEWICZ et Nathalie LEFOLL