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Galet gravé avec des signes cunéiformes (British Museum) |
L'enseignement d'exploration "Littérature et Société" propose aux élèves de nombreux thèmes intéressants, et celui sur l'aventure des écritures a été choisi pour le groupe 1 (monsieur Janczukiewicz en histoire, et madame Lefoll en français). Le but a été de montrer les conditions de l'apparition de l'écriture à la fin du Néolithique en Mésopotamie avec la constitution des premières cités dirigées par un roi qui devait s'appuyer sur des fonctionnaires, une armée afin de lever des impôts pour assurer le fonctionnement de l'Etat. Vers 3300 avant J.-C., les premiers pictogrammes sumériens apparaissent à Uruk sur des tablettes d'argile, matériau abondant dans cette vallée fertile. Les signes, d'abord réalistes (une tête de vache voulait dire ... vache!) se simplifient sous la forme de petits clous formés en pressant un stylet sur l'argile: ce fut la naissance du cunéiforme. les signes cunéiformes se simplifièrent encore et prirent une valeur phonétique, permettant ainsi des combinaisons complexes de signes-sons. D'abord purement utilitaire (les premières tablettes sont des documents comptables), l'écriture fut utilisée pour raconter les histoires des souverains et aussi composer des poèmes ou des textes littéraires vers 2500 avant-J.-C. Cette histoire complexe fut l'objet d'une leçon qui reposait sur un atelier de calligraphie. Les élèves prirent un stylet et, en scribes consciencieux, se mirent à composer des textes en cunéiformes. Le résultat, très réussi, fera l'objet d'une exposition lors des journées portes ouvertes du lycée.
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Tablette sumérienne au British Museum de Londres |
La tablette d'argile doit être écrite en effectuant soit une gravure avec un stylet pointu pour dessiner des idéogrammes, soit en pressant l'extrémité d'un stylet au bout triangulaire sur la surface molle pour les signes cunéiformes. Des lignes permettent d'aligner les phrases. Après 3 à 4 jours de séchage, la tablette est prête!
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La réalisation d'une tablette
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L'écriture cunéiforme a été utilisée par de nombreux peuples du Proche-Orient, dont les Babyloniens, les Assyriens et les Perses, jusqu'en 75 après J.-C. Son déchiffrement a commencé dans les années 1830-1840 grâce à l'érudit anglais Rawlinson, grand orientaliste, qui réussit à faire le rapprochement entre cette écriture et certaines langues comme le Vieux Perse. Finalement c'est le Français François Thureau-Dangin qui, en 1905, déchiffra le sumérien, achevant ainsi le décryptage de ces signes cunéiformes.
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Ecriture cunéiforme assyrienne (British Museum) |
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Matériel de calligraphie |
L'aventure des écritures ne s'arrête pas là. Les élèves ont ensuite étudié d'autres systèmes comme le chinois, écriture comprenant 13500 idéogrammes articulés de façon logique, et les hiéroglyphes égyptiens apparus vers 3150 avant J.-C. Les Egyptiens avaient mis au point une écriture d'environ 5000 signes qui sont des idéogrammes, des phonogrammes et des déterminatifs se combinant de façon complexe. Ce fut Jean-François Champollion, qui, en 1822, parvint à les déchiffrer grâce à sa connaissance du copte (langue des Chrétiens d'Egypte) et à la Pierre de Rosette avec ses inscriptions hiéroglyphique, démotique et grecque.
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Détail de la Pierre de Rosette (British Museum) |
Les élèves, grâce à des pinceaux, ont pu réaliser de la calligraphie chinoise, en fabriquant leur propre encre, sur des feuilles de papier et utiliser le papyrus avec un calame, un roseau taillé en biseau.
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La préparation de l'encre |
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Le travail au pinceau |
Enfin, les élèves ont étudié le bouleversement survenu avec l'apparition de l'alphabet dans le Sinaï vers 1400 avant J.-C. Ce furent des ouvriers sémites, travaillant pour le pharaon, qui eurent l'idée de garder une vingtaine de signes hiéroglyphes ayant une valeur phonétique pour leur écriture, appelée écriture proto-cananéenne. Ainsi, la tête de vache servait à écrire le son A. Les Phéniciens réutilisèrent ce système vers 1200 - 1100 avant-J.-C. en simplifiant les signes. Cet alphabet phénicien est "l'ancêtre" de tous les alphabets modernes ! Les Grecs le réutilisèrent vers le VIII ème siècle avant J.-C. puis le transmirent aux Etrusques, aux peuples celtes et aux Latins. Ainsi, si vous retournez la lettre A, vous retrouverez la tête de vache qui s'est progressivement retournée et simplifiée! Plus tard, les Arabes, via les Nabatéens, réutilisèrent ce système alphabétique au début du VII siècle après J.-C.
Les systèmes alphabétiques nécessitent l'utilisation d'un support souple, papyrus, parchemin ou papier, et d'un calame ou d'une plume d'oiseau.
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Ecriture proto-cananéenne |
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Calame et papyrus |
La prochaine étape verra l'utilisation de supports plus rares utilisés par les Grecs et les Romains: lamelles de plomb, écorce, tessons de céramique (ostraka)...